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Bruxelles, Des « sans-logis » à l'église Gesu

Saint-Josse. Une occupation sauvage de plus pour défendre le droit au logement. Elle intervient au coeur d'un conflit urbanistique entre la commune et deux associations qui contestent le permis délivré. Le ministre Doulkeridis veut jouer au facilitateur.

Nomades et sans-logis, les 120 membres du « Collectif Solidarité » (dont une cinquantaine d'enfants) ont posé leurs maigres baluchons ce week-end dans le couvent de l'église de Gesu, rue Royale, à Saint-Josse. Ils espèrent rester là un an, au grand dam de la commune et du propriétaire des lieux, le Suisse Pierre Buissens.

Cela fait des mois que le collectif erre dans Bruxelles, à la recherche de lieux d'asile. Leur errance a débuté cet automne, par le départ précipité (sur ordre d'expulsion) de l'immeuble qu'ils occupaient depuis mai à la place Morichar à Saint-Gilles. Aidés par l'Union des locataires marollienne, ils ont échoué quelques semaines rue Belliard, dans un immeuble de bureaux inadapté. Occupation tout aussi sauvage que la précédente. Après quelques semaines, ils ont une nouvelle fois déguerpi pour la rue de Stassart. Là, les choses se sont mieux passées, grâce à l'intervention du ministre du Logement Christos Doulkeridis (Ecolo) et d'une convention d'occupation.

Cette occupation prenant fin ce 17 janvier, il leur a fallu trouver un nouveau point de chute. Ils l'ont trouvé en l'église de Gesu qui n'en est pas à sa première occupation (2007). Ce couvent fait l'objet d'un projet de réhabilitation et les investisseurs suisses (Rosebud Real Estate) ont un permis d'urbanisme pour mettre là un hôtel de luxe flanqué d'une brasserie. Ce projet a été attaqué en annulation devant le Conseil d'Etat par l'Arau, Inter-Environnement et un voisin lésé. Ils estiment que les cellules du couvent sont des logements et qu'à ce titre, le permis est illégal. Ils réclament une compensation logements dans la zone ou in situ. Stratégie des associations pour tuer le projet ? Possible : le Conseil d'Etat ne rendra son jugement avant 2 ou 3 ans. De quoi décourager les investisseurs. A moins que ceux-ci, fort du soutien du maïeur Jean Demannez (PS), ne lancent le chantier, malgré l'épée de Damoclès (le recours) au-dessus de leurs têtes.

C'est dans ce contexte que survient cette occupation sauvage. L'Arau compte-elle tirer parti de cette occupation pour appuyer sa thèse de la fonction « logement » du couvent ? En tout cas, le ministre Christos Doulkeridis a rencontré, le 21 janvier, propriétaire, associations et le collectif. Il entend jouer les facilitateurs (comme il l'a fait pour l'occupation « légale » de la rue de Stassart) et surtout ne pas prendre position. Mais il admet qu'une convention temporaire permettrait d'apaiser les esprits. En tout cas, il déclare qu'il n'interviendra pas directement dans le débat et s'attachera d'abord à aider à régler le problème de l'occupation sauvage.

De son côté, le bourgmestre de Saint-Josse ne décolère pas : « Il nous a fallu des années pour imaginer ce projet, qui va apporter de l'emploi et rénover tout un quartier. On voudrait tuer le projet qu'on ne s'y prendrait pas autrement ». Chantage (l'occupation temporaire contre la levée du recours) ou amorce de négociations sous le contrôle du ministre Doulkeridis ? L'occupation de l'église de Gesu n'est en tout cas pas de nature à calmer les esprits.

Le Soir