LA TUNISIE VERS LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE
Ce que vous appelez le « printemps arabe » je l'appelle un sacrifice collectif qu'un « Lobby » a orchestré pour changer « les équilibres » er garder son pouvoir .
Donner le pouvoir aux extrémistes religieux est un agenda connu par tous. Car chronologiquement, et à chaque fois, répété dans un éternel « copier-coller ». A commencer par l'Afghanistan, le Pakistan, l'Iran, l'Algérie, la guerre entre l'Iraq et le Koweit, l'Iraq et j'en oublie sûrement, puis l’appellation « printemps arabe » qui commence par la Tunisie, puis l'Egypte, et la Syrie.
La fée carabosse cachée derrière un visage de bienfaitrice, décida de débarrasser les pauvres pays arabes de leurs dictateurs, pourtant la Tunisie n'est ni voisine d'Israel, ni ne renferme des richesses convoitées ; toutefois le point commun et étrange demeure la montée au pouvoir des « Islamistes », qui, il n'y a pas si longtemps que ça, étaient considérés comme « Terroristes » et mis sur liste noire!!
Alors que se passe-t-il ? Pourquoi ce revirement? Pourquoi ces délégations d'islamistes reçus Oh par miracle par le gouvernement américain, français....et d'autres..... ! arrivant au point de leur décerner des prix.... !!! je citerai, Ghannouchi, le leader co-fondateur de l'organisation mondiale des Frères Musulmans, appelant à la normalisation avec Israel, un état qui pratique l'apartheid, la colonisation et l'arbitraire le plus abject, et qui confond pacifisme avec compromission et déshonneur, se voit décerner, les prix Chatham House 2012, et le prix Ibn Rochd 2014 à Berlin (pour de plus amples informations : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rached_Ghannouchi )
Les évènements commencent par l'Algérie, qui pendant 10 ans a vécu les pires années de son histoire, de tueries, exactions au seul nom de la religion, au cris d'Allah Akbar, comme si Dieu leur avait ordonné d'éventrer des femmes enceintes, d'égorger leurs bébés dans leur ventre, puis l'Irak et la guerre tribale qui déchire le pays, causant le chaos, assassinats collectifs d'une population qui vit désormais dans la précarité et l'injustice les plus totales, puis l' Égypte qui s'est faite voler sa « révolution » par les islamistes et de nouveau par l'armée, despote, cause principale du soulèvement populaire égyptien !! puis la Syrie, clairement, pour soulager un gouvernement Israélien las du mouvement d'oppositions qui grandit contre lui, un « Lobby », des raisons purement et égoïstement économiques et financières... Un scénario à répétition pour occuper les « Arabes » dans un marasme de violence et de courses pour le pouvoir jusqu'à la guerre civile, pour certains pays, depuis 2011, et pour d'autres, expédiés au moyen-âge le plus sombre de l'histoire de l'humanité tel que l’Afghanistan, pour ne citer que lui. Toutefois, le fait le plus marquant pour moi reste l'Algérie et ses 10 ans de tueries...... et le risque demeure ….
Le Spectre de l'Obscurantisme religieux après les élections de 2011
Inutile pour moi de rentrer dans les détails car je ne suis ni économiste et ni analyste politique, juste une citoyenne du monde, mais une citoyenne Tunisienne avant tout qui a pour seul souci l'avenir de son pays, des Enfants de son pays, y compris les siens, des Jeunes et des Femmes de son pays, et qui considère que les islamistes ne seront pas les sauveurs de la Tunisie ni d'aucun autre pays, car la religion et la politique n'ont jamais fait bon ménage..... car donnez-moi l'exemple d'un seul pays, un seul, qui a réussi son ascension sociale, économique et politique dans un état religieux, qu'il soit islamiste, chrétien, ou juif. Les injustices sont diffuses et innombrables dans les pays dits « Laïques » battis sur la protection des droits humains alors que dire dans ceux qui sont basés sur la religion, interprétée selon les goûts des uns et des autres, en faisant foi de loi pour opprimer, soumettre et avilir hommes, femmes et enfants.
En décembre 2010, les mineurs de Redeyef, des chômeurs de la compagnie de phosphate Gafsa et leurs familles, déclenchent un mouvement de protestation et définitivement crucial dans le futur très proche de la Tunisie du 21eme siècle. Ce mouvement issu de la profonde injustice, du clientélisme au sein de la Compagnie de phosphate et la précarité dans laquelle vivent les familles depuis des générations, avec ses 60% de chômeurs, est le réel épicentre de la contestation et du soulèvement populaire qui a causé la chute, le 14 janvier 2011, du régime dictatorial de Ben Ali, et non l'auto-immolation de Bouazizi.
Pas seulement spontané, car l'Union General du Travail et le Mouvement des Diplômés Chômeurs ont joué un rôle primaire.
L'incertitude économique, la détérioration du pouvoir d'achat des ménages, le chômage, et le gel des salaires ont accéléré et augmenté les mouvements de protestations, de grèves dans tout le pays pendant les 4 ans des gouvernements qui se sont succédés, en particulier les trois gouvernements de la Troika (Président de la république du parti « Le congrès pour la République », Président du gouvernement du parti « Ennahdha », et Président de l'Assemblée constituante du Parti « Ettakatol »).
La pauvreté et la précarité des ménages ont atteint un seuil tel, que certains ménages ont perdu leurs maisons pour manque de paiement de leurs factures et des prêts bancaires, des usines ont fermé dû à la croissance des impôts imposés. Le taux de chômage a atteint les 30% au fil des années, les femmes représentant les 2/3. La violence contre les femmes s'est accrue prenant des formes inhabituelles, tel que l'excision des petites filles, les cas de viols et de violences verbales, physiques et psychiques, immolations banalisés, avortements forcés dans des conditions précaires vu que le partie islamiste avait interdit l'avortement dans les hôpitaux alors que la loi Tunisienne l'a légalisé depuis 1956, en parallèle, la prostitution sous couvert du mariage Orfi ou « mariage de plaisir » encouragé et appuyé par le parti Ennahdha, sous prétexte que trop de femmes et de filles sont célibataires, ayant pour conséquences directes, des enfants nés sous X de ces couples occasionnels, jetés dans des poubelles, et la croissance du virus HIV devenu incontrôlable.
Un seul point positif : La force et la détermination de la Société Civile Tunisienne garante de ce qui va suivre
Un déséquilibre tel que la société Tunisienne s'est vue forcée à multiplier et à renforcer les mouvements de protestations, de manifestations, de dénonciations dans la rue, partout du nord au sud et de l'est à l'ouest, devant les abus, les attaques et les campagnes de diabolisation faites par les milices du parti islamiste Ennahdha contre les intellectuels-es, artistes, journalistes, professeurs - oresse, avocats-es, acteur-rices, comédien-nes, activistes et militants-es de la société civile, étudiant-es, détruisant des galeries d'art, attaquant des librairies et interdisant la vente de certains livres considérés interdits par la loi coranique ; fermant des salles de cinéma, et interdisant des pièces de théâtre. Sans oublier, la destruction des marabouts (lieux de cultes soufis) où les pauvres trouvent un logis et de la nourriture, et vêtements ; même les agriculteurs n'ont pas échappé aux actes de violences.
Les violences et les abus ont atteints de telles extrêmes, jusqu'à l'assassinat des opposants de gauche, comme celui du leader du Front de Gauche Chokri Belaid, menacé à maintes reprises avant d'être exécuté froidement devant chez lui.
Des violences et des abus pour certains cas gravissimes, que des pourvois en justice auprès du Tribunal International de la Hague avaient été présentés. Le chaos, atteint toutes les couches de la société, tout les métiers, la crise est partout au point de voir apparaître des cas de suicide, dont les plus graves des suicides de jeunes écolières et écoliers.
Un seul point positif, toutefois, les mouvements sociaux, encore plus nombreux et plus déterminés que jamais, n'ont de cesse d'être sur tout les fronts, tout les jours, et toutes les nuits, multipliant sittings, manifestations, conférences, visites sur le terrain, pour mobiliser, sensibiliser dans les régions les plus reculées, les hommes, les femmes, les jeunes et le vieux-elles sur leurs droits, leurs devoirs,
Les conquêtes démocratiques sont fragiles et encore limitées avec très peu ou pas du tout de changements économiques significatifs. Une lutte ouverte se livre entre ceux qui considèrent que la révolution est terminée et ceux qui veulent l’approfondir et la porter jusqu’à ses ultimes conséquences. Les jeunes et les militants de gauche démontrent quotidiennement qu’ils sont déterminés à ne pas se laisser confisquer leur demande de révolution, que ce soit par les vestiges de l’ancien régime ou par les islamistes qui sont arrivés au pouvoir et qui, malgré les apparences avec un nouveau président et nouveau gouvernement, y sont encore.
Les élections municipales étant dans quelques mois, les mouvements sociaux sont déjà sur le terrain, affairés à sensibiliser, à mobiliser pour organiser des municipales dans la transparence,
Le Forum Social Mondial ou la Lueur d'Espoir
Depuis que le Forum Social Mondial a organisé sa première édition, en janvier 2001, comme contrepoint au Forum Economique Mondial de Davos, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le FSM est né à la chaleur du mouvement anti-globalisation et contre les guerres, devenu le seul point de rencontre d’une nouvelle résistance globale contre les désastres de la globalisation néolibérale. Après avoir joué un rôle important dans les luttes au cours de ses premières éditions, il a perdu sa centralité politique malgré une participation élevée.
Aujourd’hui, avec l’ouverture d’un nouveau cycle de protestations né à la suite des « Soulèvements Populaires », avec les mouvements des Indignés et Occupy, le Forum Social Mondial représente l'espace d'un autre monde possible, malgré qu'il soit perçu par une partie, comme un instrument du passé révolu. Il demeure notamment une lueur d'espoir et de solidarité à renouveler au vu des développements dans les différentes pays ou ont émergé les nouveaux mouvements sociaux, critiqués pour la fragile coordination devant le défi de recréer de nouveaux espaces d’articulation à l’échelle mondiale .
Le FSM Tunis 2013 a été, sans nul doute, l’un des Forums sociaux les plus réussis, depuis sa naissance à Porto Alegre, au Brésil, en 2001. Le processus révolutionnaire et les soulèvements populaires, un peu partout, y sont pour beaucoup, avec en tête la Tunisie, berceau des révoltes dans le monde arabe. La société civile Tunisienne a confirmé sa force, sa discipline et sa détermination à faire valoir les droits humains et à être l'acteur-rice principal de la Deuxième République en Tunisie, malgré toutes les difficultés.
La précarité et le chômage : Sans droit à l'emploi pas de droit au logement décent
Dans cette atmosphère lugubre, assombrie par les fatwas sur les plateaux télé, et dans les radios, la spéculation immobilière atteint son apogée, avec pour conséquence directe l'endettement des familles, la classe moyenne se rétrécit et intègre peu à peu les rangs de la classe pauvre ; et la délocalisation des familles vers les quartiers précaires, construits dans le passé de manière spontanée, en périphéries des villes, surpeuplés, restés oubliés et marginalisés. Ces visages de la pauvreté crée par une politique de marginalisation, et de l'absence d'une politique de logement, réelle, démocratique, participative et d'égalité des chances.
La violence est à l'extrême dans les zones rurales, masse électorale du parti islamiste, ayant reçu des promesses et des offrandes pour voter « islamiste » mais qui ont rapidement déchanté devant les promesses non tenues, certaines régions atteignant une telle pauvreté que l'on a vu ré-apparaitre des taudis et des bidons-ville en tôles dans les coins les plus reculés. Sans oublier l'augmentation du nombre des sans-abri, surtout des femmes, et plus de 3000 enfants dans les rues rien que dans la capitale,Tunis.
Lors du Forum Social Mondial et dans le cadre de l’Assemblée Mondiale des Habitants, au mois de mars 2013 à Tunis, le sujet du mal logement et du « sans-abrisme » a été exposé et débattu, faisant naître par conséquent le sentiment de l'urgence de la question. Dans la foulée,le notable succès de l'Appel à la société civile et associations lancé par le groupe promoteur issu de ces rencontres, a donné vie au Premières Assises du Droit au Logement.
L'implication de l'Union Générale des Etudiants de Tunisie nous a permis d'organiser une conférence de presse de lancement au siège du syndicat des journalistes, lieu hautement symbolique de lutte pour les droits humains, notamment le droit à la liberté d'expression si longtemps interdite ; l'Association Tunisienne pour l'Intégrité et la Démocratie des Elections, à établir une collaboration avec l'École Nationale d'Architecture et d’Urbanisme, qui a offert ses espaces.
Des rencontres ciblées, trois jours de débats. Un film pour lancer la question épineuse du droit au logement décent; des films enquêtes auprès d'habitants en situation précaire. Des témoignages d'expériences internationales et maghrébines. Les thèmes multiples et variés tel que: la précarité dans les quartiers autour des villes, les SDFs, les hommes et les femmes sans abris, la spéculation foncière et ses retombées sur les ménages et sur les projets de logements sociaux, les problèmes des étudiants sans domiciles et sans lieu pour vivre décemment et suivre normalement leur cursus universitaire, la dette des ménages, la dette nationale, les questions juridiques, des échanges d'informations et d'expérience au niveau national et international, ont permis aux tunisiennes et aux tunisiens des régions du sud, du centre et du nord de se retrouver, de s'écouter, de partager, d'enfin relever la tête et de décider sur un thème constitutif de la dignité citoyenne. Emergeant ainsi des revendications de la révolution, travail, liberté et dignité, les Assises ont eu, ainsi, pour cheval de bataille la constitutionalisation du droit humain universel au logement digne et décent, et l'application d'une politique de logement répondant à l'égalité des chances. Malheureusement, seulement 93 voix à l'Assemblée Nationale Constituante ont voté pour, pas assez, 32 voix manquaient pour que le Droit au logement puisse être adopté par la nouvelle Constitution .
En Conclusion : Bienvenue à l'Assemblée Mondiale des Habitants (FSM Tunis, 24-28 mars 2015)
Les gouvernements en place, élus ou imposés, ne mènent pas des politiques postulant des changements en rupture avec le passé, cela dans aucun domaine. En d’autres termes, ce sont les mêmes choix économiques néolibéraux, les mêmes politiques publiques, les mêmes orientations dictées par les institutions financières internationales (FMI, BM…) ayant conduit à la révolution et aux soulèvements populaires qui continuent à être mises en œuvre aujourd’hui, et avec une plus grande rigueur encore.
Toutefois, tout en étant vigilant, nous nous devons d'être positifs et de construire pour l'avenir, tel que nous nous sommes attelés à le faire depuis octobre 2011. Nous devons aussi composer avec la nouvelle configuration de l'opposition, qui réunit la gauche et les islamistes de tendance modérée et radicale (?). Il est important d'unir nos efforts, et toute notre énergie pour aider ou amener le nouveau gouvernement à adopter des politiques en faveur des défavorisés, pour réduire l'écart entre les classes, reconstruire la classe moyenne, et traiter sérieusement les questions socio-économiques avec des solutions pratiques applicables rapidement sur le terrain. La Société Civile doit raviver la flamme de l'enthousiasme et continuer à être une force de proposition, de pression et d'oeil vigilant pour bâtir une deuxième république à l'image des luttes et sacrifices fait par nos martyrs tombés sous la lame tranchante de terroristes au nom d'Allah.
La solidarité internationale est essentielle. Votre participation au FSM à Tunis, du 24 au 28 mars prochains est la bienvenue !